" « Le moucheron contre l éléphant. » Ces mots de Sébastien Castellion que l on trouve écrits de sa propre main dans l exemplaire bâlois de son pamphlet contre Calvin surprennent tout d abord et l on est bien près de n y voir qüune de ces exagérations dont les humanistes étaient coutumiers. Cependant dans l esprit de Castellion il n y avait là ni hyperbole ni même ironie. Par cette comparaison tranchante le vaillant lutteur ne voulait que montrer à son ami Amerbach qüil savait très bien quel adversaire formidable il affrontait en accusant publiquement Calvin d avoir, par fanatisme, tué un homme et par là la liberté de conscience au sein de la Réforme. Dès l instant que Castellion s empare de sa plume comme d une lance pour engager ce combat périlleux, il n ignore pas l impuissance à laquelle est vouée une attaque purement intellectuelle contre une dictature cuirassée et armée de pied en cap ; il est fixé sur la vanité de son entreprise...."