Aryana est née en 1968 à Kaboul dans une famille de la grande bourgoisie pachtoune. Après l'invasion de son pays par l'URSS et l'arrestation de son père, elle quitte l'Afghanistan avec sa mère et son frère pour s'installer en France au prix d'un exil douloureux. A Paris, elle entreprend des études de stylisme et commence une brillante carrière chez un grand couturier. En 2004 -les taliban ont été chassés, l'Afghanistan se relève de ses ruines et des élections se préparent -Aryana décide de retourner dans son pays natal pour mettre ses compétences au service de la reconstruction et de l'action humanitaire. Ainsi, jusqu'à son départ forcé de Kaboul en mai 2006, suite aux émeutes anti-américaines, Aryana formera à la couture et au stylisme une dizaine de femmes afghanes, pauvres et illettrées. Grâce à ce "choeur des vierges" plein de vivacité et d'humour, grâce à son chauffeur Karim et à Barry, un mystérieux styliste écossais installé depuis longtemps à Kaboul, Aryana parvient tant bien que mal à retrouver ses repères dans cette ville qui n'a plus rien à voir avec celle de son enfance. Lors d'un défilé de mode -le premier depuis 1963 ! -organisé dans un grand hôtel de la capitale, Aryana retrouve par hasard Zora, la fille de son ancienne nourrice. Bien qu'elle appartienne à l'ethnie la moins favorisée en Afghanistan: les Hazaras, bien qu'elle n'ait jamais quitté le pays pendant la guerre civile et sous les taliban, Zora semble à l'aise dans le Kaboul instable de 2005. Pendant ce temps Aryana, à qui un général révèle les circonstances atroces de la mort de son père, se débat avec un quotidien de plus en plus pesant. Elle qui, loin d'appartenir à la catégorie méprisée des "laveurs de chiens" - ceux qui ont émigré en Occident et reviennent en Afghanistan par intérêt, pour s'enrichir ou récupérer leurs biens -a choisi de vivre à Kaboul par idéalisme, apprend à se confronter au danger, à la haine, aux préjugés... Avec ce roman foisonnant, Lyane Guillaume nous livre de magnifiques portraits de femmes déchirées entre tradition et modernité, mais toujours éprises de liberté.