Un de ses amis, le marquis de Croismare, s'é tant inté ressé au sort d'une jeune femme qui demandait à sortir du couvent où elle avait é té placé e contre son gré , Diderot eut l'idé e facé tieuse, en 1760, de lui adresser des lettres pré tendument é crites par la religieuse qui lui demandait secours. Le marquis tomba dans le piè ge, une correspondance s'ensuivit, et l'é crivain, pris à son propre jeu, finit par composer les mé moires que Suzanne Simonin é tait censé e avoir é crits à l'attention de Croismare. ' Effrayante satire des couvents ' - la formule est de Diderot -, ce roman d'une destiné e malheureuse est d'une impitoyable vé rité . Mais d'une vé rité é galement engagé e, car derriè re la voix de Suzanne ré sonne celle de l'auteur lui-mè me, qui ne consent pas à voir l'é panouissement humain entravé par l'enfermement ni les exigences de la nature bafoué es par la complaisance conjointe des familles et de l'é glise. Diderot y est pré sent tout entier.
é dition de Claire Jaquier.