Il est banal de dire que le XVIII siè cle a vu se dé placer la vie sociale de la Cour vers la Ville, de Versailles vers Paris. Mais il ne suffit pas d'é numé rer des anecdotes prenant pour cadre les salons de Mmc du Deffand et de Mmc Geoffrin, et de citer les é crivains ou les artistes qui les ont fré quenté s. Ce qu'il faut comprendre, c'est la signification historique d'une forme de sociabilité . Ce livre offre, pour la premiè re fois, une vé ritable histoire sociale et culturelle des salons parisiens du XVIII siè cle, et permet de ré viser de nombreuses idé es reç ues. Ces salons n'é taient pas, comme on le dit trop souvent, des lieux de discussion critique permettant de diffuser largement les idé es des Lumiè res, mais bien plutô t les centres de la sociabilité mondaine, dé volus aux plaisirs de la table et du mot d'esprit, au thé â tre de socié té comme aux intrigues politiques. C'est dans les salons que se recomposent les identité s aristocratiques, que se forment les ré putations litté raires et politiques, et que se pré pare l'accè s à la Cour. Le loisir lettré et les pratiques culturelles des salons deviennent alors un é lé ment essentiel de la distinction aristocratique et de l'imaginaire national, tandis que de nombreux é crivains des Lumiè res adhè rent aux pratiques et aux idé aux des é lites parisiennes et de la noblesse de Cour.