La pitié dangereuse

"Je me tourne vers Ilona. Elle rit et comprend. Ses yeux ont dé jà dit oui: nous tourbillonnons, et bientô t deux couples, puis trois, puis cinq tournent sur le parquet glissant, tandis que les personnes prudentes et plus â gé es regardent ou bavardent. J'adore danser, et mê me je danse bien. Nous tournons enlacé s; je crois que je n'ai jamais aussi bien dansé de ma vie. À la valse suivante j'invite mon autre voisine de table. Elle aussi danse bien et, penché sur elle, je respire, lé gè rement é tourdi, le parfum de sa chevelure. Elle valse admirablement, tout est admirable, je me sens heureux comme jamais je ne l'ai é té , je ne me possè de plus ! Je voudrais embrasser tout le monde, dire à chacun quelque chose d'aimable, de reconnaissant, tant je me sens lé ger, dé bordant et ravi de ma jeunesse. Je passe de l'une à l'autre, je parle, ris, virevolte et, entraî né par le flot de mon bonheur, je ne sens plus le temps couler. . ." < p/> Stefan Zweig voit le jour le 28 novembre 1881 en plein coeur de l'Empire Austro-hongrois, dans une Vienne cosmopolite qui semble alors au sommet de sa gloire. < p/> Docteur en philosophie à l'â ge de vingt-trois ans, il dé veloppe trè s tô t des talents pour l'é criture. Il obtint notamment le prestigieux prix de poé sie Bauernfeld. Stefan Zweig fait partie de l'intelligentsia viennoise. Il compte bientô t parmi ses proches amis Sigmund Freud et Arthur Schnitzler. < p/> Stefan Zweig est fondamentalement un intellectuel de son temps qui ne reste pas enfermé dans le monde capiteux de la litté rature de salon. Il é crira:
la litté rature n'est pas la vie", elle n'est "qu'un moyen d'exaltation de la vie, un moyen d'en saisir le drame de faç on plus claire et plus intelligible". Son ambition é tait "de donner à mon existence l'amplitude, la plé nitude, la force et la connaissance, aussi de la lier à l'essentiel et à la profondeur des choses".
> Confronté à la monté e du nazisme et impré gné des problé matiques du monde il cherche trè s tô t à dé velopper un courant pacifiste parmi les intellectuels europé ens. Mais convaincu du dé sastre qui se joue, Stefan Zweig quitte l'Autriche dè s 1934 et s'exile à Londres. Finalement il rejoindra l'Amé rique du sud. < p/> Profondé ment marqué par les horreurs de la guerre, il ré dige Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Europé en, vé ritable té moignage de son amour et de son admiration pour la culture occidentale. Mais selon Zweig, cette civilisation a connu son â ge d'or pour finalement é chouer: Né en 1881 dans un grand et puissant empire [. . .], il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon oeuvre litté raire, dans sa langue originale, a é té ré duite en cendres. É tranger partout, l'Europe est perdue pour moi. . . J'ai é té le té moin de la plus effroyable dé faite de la raison [. . .]. Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture europé enne . < p/> Stefan Zweig laisse une oeuvre remarquable et s'inscrit comme un é crivain et intellectuel incontournable du 20è me siè cle. < p/> ****************************************************************************
D'autres ouvrages à dé couvrir dans la mê me collection dont Marie Antoinette de S. Zweig ainsi que deux recueils de nouvelles.
(Lettres Classiques, SF Anticipation, Fantastique)
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